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Franchir la porte de l'Eglise.

 
Entrer, passer, ouvrir. Gestes anodins, quotidiens, qui peuvent nous rappeler tout au long du jour le passage que nous avons à opérer des apparences au mystère qui leur est sous-jacent, de la dispersion mondaine à l’union au Christ, de la mort à la vie. La liturgie est là pour nous y aider : près de la porte de l’église ont été placés le bénitier et ou le baptistère. Nous associons ainsi le franchissement du seuil à notre naissance à la lumière, à notre initiation (du latin « inire »=pénétrer dans). Aux premiers temps du christianisme, des gardiens (les ostirii) veillaient à ce que seuls les baptisés (et les catéchumènes pour la liturgie de la parole) accèdent à la célébration de la messe.

Les scènes de jugements représentées sur les tympans des cathédrales évoquent symboliquement la révélation du fond des consciences. Avons-nous été fidèles aux promesses de notre baptême ? Sommes-nous sur un juste chemin ? Dans quelles dispositions allons-nous participer à la messe ? Tout, ou beaucoup déjà, se joue dans le passage du seuil. La porte se forme - base rectangulaire surmontée d’un arc- résume le plan de l’édifice entier. « Je suis la Porte » (Jn 10,9), a affirmé le Christ. Franchir la porte, c’est vivre une Pâque, c’est passer, en lui et par lui, de l’extériorité à l’intériorité. Jésus est « la voie », l’échelle de Jacob (Gn 28,12 ; Jn 1,51), qui synthétise toutes les étapes de la vie spirituelle. De même, la porte extérieure de l’église en elle toutes ses portes intérieures (parfois virtuelles) : celles qui séparaient autrefois l’exonarthex du narthex, la nef du chœur, le chœur du sanctuaire, pour arriver finalement à l’autel, saint des saints, « porte du ciel ». C’est là, au plus profond de nous, que des coups se font entendre : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3,20). Comme le dit saint Césaire d’Arles, un évêque du VIè siècle, « de même que tu entres dans cette église, Dieu veut entrer dans ton âme ».

« Le Seigneur a proclamé dans l’Evangile : « Il y a beaucoup de stations chez le Père ; sinon Je vous l’aurait dit : car je vais vous préparer une station » (Jn 14,2). Il y a beaucoup de stations qui conduisent au Père ; pourquoi l’âme s’y arrête, quel profit, quel enseignement, quelle lumière elle y trouve, seul le sait… celui qui dit de lui-même : « Je suis la Porte ». « Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14, 6). Sans doute, à chacune de ces stations, deviendra-t-il pour chaque âme une porte : on entrera par lui, par lui « on sortira » et « on trouvera les pâturages » (Jn 10, 9) et de là on entrera dans une autre station, puis dans une autre station encore, jusqu’à ce qu’on parvienne au Père lui-même ». Origène (IIIè siècle).
Texte adapté du livre de Xavier ACCART, Comprendre et vivre la liturgie, Signes et symboles expliqués à tous, Presses de la Renaissance, Prier, Paris 2009.

 

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