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A la redécouverte de la messe (suite).

1. Le langage des fleurs.
 
Dommage que les fleurs dans nos églises disparaissent souvent avant que quiconque les ait contemplées. Et pourtant tous les dimanches nous trouvons des compositions florales magnifiques disposées au pied de l’autel, devant l’ambon, sous le cierge pascal ou la croix du chœur. A la différence de la pierre des cathédrales, les fleurs symbolisent le caractère éphémère de notre vie, mais également la fraîche beauté qui en résulte. Le Christ s’émerveillait des lys des champs qui, bien que ne se souciant pas du lendemain, étaient vêtus plus magnifiquement que Salomon (Mt 6,28-30). L’Ancien Testament évoque également de nombreuses fleurs : lys des vallées, lauriers-roses de Jéricho, narcisses de la plaine, grenadiers du Cantique… La liturgie, qui sollicite toute la création pour rendre grâce au Père, a ainsi développé un art floral ; d’autant que les floraisons sont comme elle en relation avec le cycle des saisons.

L’art floral a avant tout pour but d’exprimer (et non d’illustrer) le mystère célébré par la fête du jour. Composer un bouquet demande ainsi d’être attentif à un certain nombre de paramètres : le temps liturgique (durant l’Avent ou le Carême, les fleurs devront se faire discrètes), les couleurs (le jaune et le blanc évoqueront la Résurrection, les roses rouges la Passion), la forme et le mouvement du bouquet (circulaire pour évoquer la danse éternelle des saints, élancé vers le ciel pour l’Assomption…) et même support (vase en terre pour l’Incarnation, socle en pierre pour le tombeau à Pâques).
L’art floral n’est pas régi par un code rigide. Il est d’abord le résultat d’un geste, d’une prière. Il cherche à laisser percevoir le divin dans l’éphémère.

« Fleuris, chrétien transi de froid, mai est à la porte. Tu resteras mort éternellement, si tu ne fleuris ici et maintenant ». Angelus Silesius (XVIIè siècle).


2. Devenir vitrail.
« Diriger l’esprit des fidèles par des moyens matériels vers les réalités immatérielles », c’est ainis que l’abbé Suger, commanditaire, au XVII siècle, des vitraux de Saint-Denis, définissait la fonction du vitrail. Le vitrail naît du jeu de la lumière avec un support translucide, de forme variable, d’ordinaire multicolore. L’éclairage qui en résulte crée au sein de l’édifice un espace mouvant et nuancé. Il rend vivant ce grand organisme qu’est une église en la reliant, par des variations de luminosité. Le vitrail forme un lieu de recueillement, met au jour un espace resté dans l’ombre ; un rayon coloré nous réchauffe soudain, il met plus tard en valeur tel symbole liturgique, à moins que, descendu sur un fidèle, il nous rappelle que ce frère anonyme est lui aussi enfant de Dieu.
Par sa forme et ses différentes images d’icônes, le vitrail nous enseigne, nous donne un cours de catéchisme, nous donne l’histoire du salut, nous renseigne

sur tel ou tel saint ou bienheureux… Saint Jean de la croix comparaît l’âme à « une vitre qui baigne dans la clarté resplendissante du soleil ». Le vitrail par excellence, serait, dès lors, Marie, le modèle de la sainteté. Pensons à elle quand nous contemplons de l’intérieur ces vastes rosaces des cathédrales. Sous l’action de l’Esprit Saint, puissions-nous, à notre tour devenir plus transparents à la lumière divine. 
« Comme la splendeur du soleil traverse le verre, sans le briser, et pénètre sa solidité de son impalpable subtilité, sans le trouer quand elle entre et sans le briser quand elle sort, ainsi le Verbe de Dieu, lumière du Père, pénètre l’habitacle de la Vierge et sort de son sein intact » Saint Bernard (XIIème siècle).
« Les fenêtres vitrées sont les écritures divines, qui versent la clarté du vrai soleil, c’est-à-dire de Dieu, dans l’Eglise, c’est-à-dire dans le cœur des fidèles, tout en les illuminant ». Durand de Mende (XIIIème siècle).


3. L’icône chez les chrétiens.
Dans l’Ancien Testament, à l’exception des chérubins sur l’arche d’alliance, Dieu avait interdit toute figuration (Ex 20,4), pour affirmer son absolue transcendance. Les Hébreux étaient en effet sans cesse tentés par la vénération d’idoles, comme le montre l’épisode du veau d’or (Ex 32, 1-35). Mais l’incarnation a tout changé. Le Verbe, unique engendré, s’est fait homme et sur son visage nous avons contemplé la gloire du Père (Jn 1,14 et 18). L’art de l’icône s’est développé sur ce fondement. Et du coup, avant de représenter le Christ, la Vierge Marie ou un saint par exemple, l’art iconographique doit d’abord représenter son rayonnement spirituel. Cela dit, si nous les chrétiens d’Occident, pouvons apprécier les icônes et prier dans l’intimité devant elles, ce n’est que dans les rites d’Orient qu’elles occupent une véritable fonction liturgique. Par les icônes, est manifestée, au sein de l’assemblée, la présence des êtres du ciel qui louent le Seigneur. Inversement, les fidèles s’ouvrent à leur rayonnement et à celui du Christ en vénérant leurs saintes représentations. Placées au centre de la nef, les icônes sont également utilisées pour révéler les mystères des fêtes célébrées.
Puissions-nous, à force de contemplation et d’amour de la vérité, devenir les uns pour les autres des icônes vivantes de notre unique Seigneur !
« Dans les maisons des fidèles, l’icône est placée haut et au point dominant de la pièce : elle guide le regard vers le haut, vers le Très-Haut et vers l’unique nécessaire. La contemplation orante traverse, pour ainsi dire, l’icône et ne s’arrête qu’au contenu vivant qu’elle traduit. Dans sa fonction liturgique, symbiose du sens et de la présence, elle sacre les temps et les lieux » Paul Evdokimov (XXè siècle).

Texte adapté à partir du Livre de Xavier ACCART, Comprendre et vivre la liturgie, Signes et Symboles expliqués à tous, Presses de la Renaissance, Prier, Paris, 2009.

 

 

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