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A la redécouverte de la messe (suite).

L’autel, cœur et pièce maîtresse de l’église.

Tout l’édifice de l’église est organisé autour de cette table imposante, située en un lieu élevé (« altus » en latin signifie « élevé, d’où « autel »). Le célébrant fait son baisement au début de la messe. Les fidèles s’inclinent devant elle. D’ù vient cette vénération dont l’autel est entouré ? En effet, il représente le Christ (terme qui signifie « oint » en grec) comme nous le révèle le rite de la dédicace des églises : l’évêque l’ « oint » de saint chrême en son centre et à ses angles avant de préciser en embrasant des chandeliers : « Que resplendisse dans l’Eglise la lumière du Christ ! » C’est pour cela que souvent la pierre est le matériau choisi pour l’autel. En effet la pierre naturelle évoque le rocher dont Moïse a fait jaillir l’eau et en lequel les Pères ont reconnu le Christ. Le métal, plus rare, fait référence à une autre de ses figures : l’autel d’or situé, selon saint Jean, devant le trône céleste (Ap 8,3). Jésus est « autel » dans la mesure où il a accompli une fois pour toutes le sacrifice parfait : un sacrifice dont la caractéristique est que prêtre, victime et… autel ne sont qu’un. C’est ce mystère qui s’actualise sur l’autel de nos églises lors de chaque messe. Le Fils de l’homme, est élevé en croix, meurt, descend dans les enfers que représentent les reliques déposées dans l’autel, ressuscite et monte au ciel pour répandre son Esprit jusqu’aux extrémités de la terre symbolisées par les croix gravées aux coins (ou au milieu) de l’autel. Ce sens de lieu de sacrifice (ou de tombeau) n’empêche pas de voir aussi la table d’un repas fraternel. Et dans ce sens, l’autel rappelle la Cène, annonce le banquet de la vie éternelle et permet la communion de notre assemblée. Les premiers chrétiens –qui gardaient un vivant souvenir du dernier repas- célébraient d’ailleurs le mystère de l’Eucharistie sur des tables de bois, comme en témoigne celle enchâssée dans l’autel du Latran, à Rome, sur laquelle aurait officié Saint Pierre. Sacrifice et repas fraternel sont intimement et étroitement liés : c’est le Corps du Christ livré pour nous que nous partageons à la messe. Et par conséquent, parce que nous assimilons intimement le Christ en le mangeant, il fait de notre cœur son vivant autel. « Il est plus agréable à Jésus-Christ et plus glorieux à Dieu à Dieu d’être offert ainsi en toutes les âmes que sur tous les autels du monde » écrivait au XVIIè siècle l’oratorien Charles de Condren.

« Père, entre tes mains je remets ma vie ».
Le baiser du traître Judas, l’agonie de Jésus à Gethsémani, les coups de fouet, les moqueries de soldats, le jugement très injuste, la montée difficile au calvaire, les clous, la croix qui se dresse avec ce corps transpercé, la soif du mourant, autant d’horreurs décrits qui ne peuvent pas laisser indifférent même le cœur le plus inhumain ! Et puis il y a ce cri terrible et tragique : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Ce cri de Jésus trouve son écho dans d’autres cris de nos contemporains qui, éprouvés par la vie, n’arrêtent pas de dire : « Qu’est-ce que j’ai pu faire au bon dieu pour souffrir autant ? … Si Dieu existait il ne permettrait pas la souffrance dans le monde ! … » En effet, ce qui rend insupportable la souffrance c’est lorsqu’elle se vit dans l’abandon et la solitude. Sans le réconfort d’une main qui caresse un front brûlant. « Je ne veux pas mourir seul, comme un chien » disait un homme atteint par un grave cancer en phase terminale. Le Christ lui aussi a connu l’abandon absolu. Abandonné de ses apôtres. Et cela peut se comprendre : nous les voyageurs de train ou de métro, nous précipitons-nous pour défendre une personne agressée ? Jésus est aussi abandonné par la foule qui pourtant quelques jours avant, l’avait acclamé. Eh oui, c’est cela notre côté versatile : nous avons une capacité de maudire ceux-là que pourtant nous acclamions à peine une heure avant ! Mais alors est-ce que Jésus est abandonné vraiment par son Père ? Dans ce récit, le ciel semble noir et fermé. La voix du Père qui disait si chaleureusement : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » se tait ! Alors monte vers le Père ce « SOS » tragique qui jaillit de la peur viscérale de tout homme devant la mort. Jésus n’est pas un surhomme, mais un homme tellement semblable à nous. Un homme qui connaît ces moments terribles de la souffrance. Ainsi donc le cri de ce Jésus devient le cri d’un frère. L’évangéliste Luc cependant montre que même si Jésus apparaît dans sa fragilité humaine, Dieu veille. Au cœur de cette horreur de souffrance, Jésus montre sa compassion et sa bonté. Il guérit l’homme dont l’oreille a été tranchée par l’un de ses disciples. Il manifeste une confiance sans faille à l’égard de son Père. Il lui demande de pardonner à ses bourreaux dont il plaide l’inconscience. Et le dernier mot de Jésus sera « Père, entre tes mains, je remets ma vie ». Ce dimanche nous sommes venus nombreux à l’église avec des branches de buis, feuille tenace d’un bois très dur. Nous qui sommes aussi victimes du mal, c’est notre symbole de l’Espérance en la Victoire du Christ sur la mort, la haine et le péché. Sommes-nous prêts à lui rester fidèle ?

 

 

 

 

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