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A la redécouverte de la messe (suite).

Le cierge pascal.

Une colonne de cire se dresse sous la pleine lune. Le calme règne au soir du samedi saint. Nous sommes comme abasourdis par les événements de ces derniers jours : le Christ arrêté au jardin des Oliviers après un ultime et sublime enseignement, son jugement nocturne par le Sanhédrin, son chemin de croix, sa mort dans un grand cri. Après l’angoisse, le déchaînement de violence et la sépulture, un jour de silence s’achève. Nous nous tenons à l’extérieur de l’église, comme devant le tombeau qui se trouvait à l’extérieur de Jérusalem. La cire naturelle du cierge pascal est l’image de la chair virginale du Christ qui y repose. Le célébrant y insère cinq larmes d’encens, à l’endroit des petites cavités creusées aux extrémités et au centre d’une croix. Ce sont les aromates que les femmes avaient apportés pour mettre dans les plaies qui marqueront encore le corps du Ressuscité (Jn 20,20).

La résurrection ayant jailli de la pierre du tombeau, un feu a été allumé à l’aide de la pierre d’un briquet. Tout est prêt pour l’embrasement du cierge pascal –moment clé qui représente la réunion de la chair et de l’Esprit du Seigneur. Ce geste fait écho à la célébration de la « sainte lumière » qui se déroule chaque nuit de Pâques, à Jérusalem, depuis les premiers temps du christianisme : le patriarche (aujourd’hui orthodoxe) entre dans le Saint-Sépulcre où il recueille une flamme. Comme ne Terre Sainte, ce soir, devant notre paroisse, la cire du cierge pascal embrasé au feu nouveau commence à couler, sève de la vie éternelle. Le diacre (ou le prêtre) soulève la colonne de cire et se dirige vers l’église.

 

Semblables aux Hébreux traversant de nuit la mer Rouge derrière la colonne de feu, nous nous mettons en marche à sa suite. A trois reprises, le diacre (ou le prêtre) qui a pénétré dans l’église s’arrête et chante à haute voix : « Voici la lumière du Christ ! » ou « Lumière du Christ » ; ce à quoi nous répondons avec une intensité croissante : « Nous rendons grâce à Dieu ». Au deuxième arrêt, le feu de Pâques est communiqué aux fidèles qui tiennent un cierge à la main. La lueur croissance disperse les ténèbres de la nef, image de la lumière du Christ dispersant les ténèbres du péché. Installé près de l’ambon, le cierge pascal va y demeurer jusqu’à la Pentecôte pour signifier la présence du Ressuscité. Durant tout le temps pascal, nous pourrons lire sur sa chair le millésime de l’année en cours, mais également l’alpha et l’oméga, première et dernière lettres de l’alphabet grec, symbolisant « Celui qui est, qui était et qui vient » (Ap1,8). En gravant ces symboles temporels avant d’imposer les cinq grains d’encens, le prêtre commente : « Le Christ, hier et aujourd’hui, commencement et fin de toutes choses, alpha et oméga ; à lui le temps et l’éternité […] pour les siècles des siècles ».

 

Ce n’est pas là le moindre des indices qui nous permettent de reconnaître celui qui a dit : « Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » (Jn 11, 25-26). Souvenons-nous de ces paroles, lorsque, à l’occasion des baptêmes et des obsèques, nous voyons à nouveau s’illuminer la cire du Ressuscité.

 

 

 

 

 

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