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A la redécouverte de la messe (suite).

Le vin du royaume.

« Tu es béni Dieu de l’univers, toi qui nous donne ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes, nous te le présentons, il deviendra le vin du Royaume éternel ».

Imaginerait-on un repas festif sans une bonne bouteille ? Le vin est un symbole biblique qui nous parle encore aisément. D’une part, « il réjouit le cœur de l’homme » (Ps 103,15), d’autre part, il peut mener à l’ivrognerie. Comme celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, le fruit de la vigne n’est pas sans danger. Noé, qui le premier, but son suc fermenté (Gn 9,21), se retrouva nu devant l’un de ses fils – et le maudit pour cela. Les Ecritures dénoncent ainsi l’usage intempérant du vin qui rend bruyant, grotesque et révèle l’état misérable de l’homme déchu.
Toutefois le vin manifeste également la joie du banquet éternel avec le Messie, lequel banquet est annoncé par les prophètes et les paroles du Christ. L’importance de ce symbolisme est d’ailleurs soulignée par sa présence dans le premier signe opéré par Jésus (Jn 2,1). Lors de noces, à Cana, sa mère lui signale l’épuisement du vin. Jésus transforme alors six cuves d’eau, non en une quelconque piquette, mais en ce vin nouveau que ne peuvent contenir de vieilles outres (Mt 9,17). Ce signe annonciateur n’est pas accompli sans une certaine appréhension : «Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue », réplique Jésus à sa mère (Jn 2,4).
Car le vin n’est pas seulement le signe du banquet avec le Messie, mais également celui du sacrifice qui permet d’y accéder. L’utilisation du vin blanc (pour éviter de tacher les linges de messe) ne doit pas nous faire oublier l’antique analogie entre le sang et le fruit de la vigne. Hildegarde de Bingen affirmait que la sagesse avait commencé son œuvre lorsque la terre, gâtée par le sang d’Abel, avait produit la sève nouvelle du vin. Or, cette œuvre se réalise parfaitement lorsque le Christ verse son sang pour la rémission des péchés et l’accomplissement de l’alliance éternelle. Par là, celui qui a épousé notre humanité nous ouvre la possibilité d’être unis à sa divinité, comme le rappellent les quelques gouttes d’eau mêlées au vin eucharistique dans le calice. Puissions-nous, par la grâce de Dieu, accéder à la « maison du vin », c’est-à-dire à la vraie connaissance de Dieu, et, tels les apôtres le jour de la Pentecôte, communiquer son mystère, ivres de l’Esprit Saint (Ac 2,13).

 

 

 

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