LE TEMPS DE L'ENVOI
Moment des annonces : nous venons de communion à l’Eucharistie. Nous sommes appelés à devenir ce que nous venons de recevoir. Les annonces sont là pour dire que la communauté chrétienne est un lieu de multiples rendez-vous, un lieu de formation humaine et spirituelle, un lieu de prière, un lieu où différents services de la charité s’exercent, un lieu de multiples rencontres, un lieu où la vie est célébrée sous ses différentes formes. Nous sommes appelés tous à être attentifs aux annonces, car à travers elles, Dieu nous fixe un rendez-vous particulier. Bénédiction de l’envoi : le mot « bénir » vient du latin « bene-dicere »=dire du bien. Le prêtre, au nom de Dieu, dit du bien de chaque membre de l’assemblée.
Seigneur,
Je crois, grâce mes quatre années ici, que la vraie prière est un vrai combat pour Toi et avec Toi contre les idoles. Merci Seigneur, pour tous ces gens qui m’ont appris, ici, à dépasser le stade de formuler des « prières diplomatiquement acceptables ». Or la vraie prière tape dans la blessure saignante et dans le cœur vibrant de l’homme ! Je crois aussi, Seigneur, que là où le plus petit (le dernier) a de la place, tous les autres ont déjà trouvé la leur. Aide-moi à avoir toujours cet œil de service qui « traîne » pour servir les derniers. Tu ne cesses pas de t’identifier à eux. A Chanteloup, j’ai compris que je n’ai pas à m’excuser d’être catholique. Etre catholique cela rend heureux et cela m’appelle à rendre les autres heureux. Etre catholique c’est exigeant car cela me pousse à trancher contre l’affadissement (tu oses m’appeler dans l’évangile « sel » de la terre dans l’évangile), le fanatisme extrémiste et le conservatisme forcené. Etre chrétien catholique m’exige d’assumer la foi des chrétiens avec ma raison, me situe dans ta Famille qu’est l’Eglise et m’invite chaque jour à « rendre compte de l’espérance qui est en moi ».
Le Cep, les homélies, les récollections,… auront toujours été un exercice d’expliquer simplement « les gros mots » (mots compliqués) de la foi chrétienne. A Chanteloup, j’ai compris que je ne peux pas prendre ta route si je ne mets pas les autres en route. J’ai compris que je ne peux pas être en communication avec toi si je ne donne pas la parole à ceux qui ne l’ont pas d’habitude (je sais, mes tours de table étaient un peu agaçants et casse-pied, mais bon…) Merci Seigneur pour tous les sacrements préparés ici et célébrés ici ou ailleurs. Qu’est ce qu’on s’est bien marré ! J’ai compris que la préparation aux sacrements doit faire surgir le subconscient ou l’inattendu car souvent, Seigneur, nous venons à la préparation des sacrements, en imaginant que nous savons trop ce que tu veux célébrer avec nous ! Aide-moi à ne pas m’habituer à tes sacrements. Ce n’est pas évident d’être un prêtre libre à ta suite, Seigneur. Le risque est toujours là de devenir marabout pour certains, d’être enfermés dans le sentimentalisme ou dans le relativisme ambiant. A Chanteloup, j’ai essayé d’être un prêtre de communion. Je ne me fais pas d’illusions : des fois j’ai été prisonnier de certaines frontières. Certaines, je les ai sous-estimées, d’autres je les ai majorées, d’autres peut-être je les ai créées. Aide-moi à être un homme-sans-frontière. Je sais : à Chanteloup il y a le village et il y a la cité. Aide chacun d’entre nous à goûter à la joie de découvrir qu’il n’y a pas de murs de séparation qui montent jusqu’au ciel !
Je comprends désormais que le cloisonnement bousille des véritables énergies. Je te confie tous les jeunes de cette commune : je sais : certains ont peur d’eux. Je sais aussi qu’une partie de ces jeunes ont compris qu’on les prend pour « une charge supplémentaire ». Donne-nous des adultes qui n’ont pas peur des jeunes ; donne-nous des adultes qui ne mentent pas aux jeunes. Donne aux jeunes de ne pas avoir peur de l’avenir et d’aimer la justice même quand ils sont fragiles. Je sais que chez certains, banlieue signifie béton, violence, échec scolaire, chômage… Donne-nous, Seigneur des vrais témoins de la vie qui osent casser la spirale de l’exclusion de nos cités. Je sais que tu m’accompagnes à Trappes. Je sais aussi que tu accompagnes Alain Biniakounou et André Honoré dans leur mission ici de montrer à Carrières et Chanteloup la bonne nouvelle de travailler ensemble.
Ne cesse pas de nous convertir à ta volonté. Sors-nous de nos schémas faciles et fais-nous goûter au bonheur d’être tes amis serviteurs. De nos fragilités, je crois que tu peux en faire « une petite hostie » pour les autres. Père, rappelle-moi sans cesse que le monde ne vient pas de nulle part pour aller nulle part. Toute vie vient de toi et trouve son accomplissement en toi. Jésus, alors que la tentation est grande de trouver l’enfer chez les autres, tu m’invites à trouver le ciel en toi et chez les autres. Esprit Saint, aide-moi à ne pas céder à la tentation de la routine : rappelle-moi que tu ne cesses pas de renouveler la face de nos paroisses, la face de la terre. Dieu-Relation aide-moi à ne jamais trouver réconfort dans le fait de me passer de Toi. Merci pour chaque paroissien chantelouvais. Alors à chaque chantelouvais, je dis et je redis dans ta foi, Seigneur : Amitié, Route à prendre pour aller vers soi, vers les autres et vers l’Autre par le Synode qui se lance.
Père Modeste NIYIBIZI
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