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« Donnez-leur vous-mêmes à manger ».
 
A la logique de la société actuelle économique, gouvernée par la loi de l’échange payant, les textes bibliques de ce week-end opposent « l’utopie » du don gratuit. Lus trop rapidement, ces textes pourraient même accréditer une conception magique de la religion. Or il s’agit là bien d’autre chose. Le prophète Isaïe et le récit de l’Evangile selon Saint Matthieu parlent d’une Alliance que Dieu propose à un peuple affamé et assoiffé, incapable de se sauver lui-même.

Dans la première lecture, le prophète Isaïe invite ceux qui ont faim et soif non seulement à se nourrir, mais surtout à se rassasier des mets succulents et cela gratuitement. De quoi est-il question ? D’une part, il s’agit du désir profond de disposer de l’eau dans un pays exposé à la sécheresse alors que certains cherchent à taxer ce bien précieux entre tous. D’autre part, le prophète appelle aussi ses compatriotes à prêter une oreille plus attentive à la Parole de Dieu, cette nourriture gratuite et hautement réconfortante. Aucune contrainte dans cette offre « perpétuelle » : Dieu vient au-devant des attentes de son peuple et le comble de ses bienfaits.

Les contemporains de Jésus perçoivent en Lui le rayonnement de la gratuité de Dieu. Pris de pitié, Jésus guérit les infirmes et rétablit les malades. La clé du récit de Matthieu réside dans l’opposition entre les verbes « acheter » et « donner ». Tout est dans ce renversement qui substitue le don et le partage à la transaction commerciale. Ce renversement procède de la compassion. 
La plupart d’entre nous n’avons pas fait- heureusement- l’expérience dramatique de la faim pendant une longue durée. Cette expérience douloureuse est celle de millions d’être humains, au Sahel, en Ethiopie, dans certains pays d’Amérique et jusque dans les pays dits riches (Le travail formidable des mouvements comme le Secours Catholique et les Restos du Cœur le témoigne). A côté de cette faim de pain, d’autres faims tenaillent les hommes dans leur esprit, leur âme et leur cœur. A la pénurie de nourriture matérielle vient s’ajouter une immense détresse spirituelle même dans nos propres familles. Sur les bords du Lac de Galilée, Jésus avait rendez-vous avec la faim, avec les faims humaines. Jésus s’associe à la détresse de l’humanité. L’écho des faims du monde arrive jusqu’à notre porte. Devant l’ampleur des besoins, nous serions peut-être tentés, comme les disciples, de nous « débarrasser » du problème : « ils n’ont qu’à se débrouiller !», « qu’ils aillent ailleurs ! ». Chez Matthieu, les gestes de la multiplication des pains par Jésus sont les mêmes qu’à la Cène. Ce sont les mêmes gestes que nous vivons à chaque messe. Nous y voyons un signe de l’Eglise et de sa mission auprès des hommes : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! ».

Père Modeste NIYIBIZI - 2008

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Lectures du dimanche 03 août 2008
18ème dimanche ordinaire

Première lecture : Is 55, 1-3
Dieu nourrit son peuple

Psaume : Ps 144, 8-9, 15-16, 17-18 R/
Tu ouvres la main : nous voici rassasiés

Deuxième lecture : Rm 8, 35.37-39
Rien ne peut nous séparer de l'amour du Christ

Evangile : Mt 14, 13-21
Jésus nourrit la foule

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La joie de partager la période estivale avec le Père Hubert Tamambere.