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« Je crois en Jésus Christ…. Qui a souffert sous Ponce Pilate, est mort, et a été enseveli. »

 

« Conçu ». Cela est de Jésus, mais cela sonne comme un quelque chose de passif. Dans cette conception il y a un Autre qui est Actif : c’est le Saint Esprit. Tout comme un enfant est passif dans la conception, tandis que les parents se comportement activement. Mais l’enfant ne s’éveille que tardivement à la conscience, alors que le Fils de Dieu a, lui, une conscience éternelle, et une volonté de devenir homme. Certes nous confessons dans la foi que Jésus ne s’incarne pas lui-même, qu’il ne se saisit pas lui-même de la nature humaine qu’il revêtira.
Au contraire, en tant qu’il est la « semence » du Père, le Fils se laisse porter dans le sein de la Vierge par l’Esprit Saint. Et cela veut dire que l’événement de son incarnation est le commencement de son obéissance. Jésus ne prend pas de force la nature humaine ; il ne l’arrache pour s’en revêtir.

C’est par obéissance au Père que le Fils nous fait le magnifique cadeau de Noël de partager notre vie humaine. Et il le fait dans l’Esprit Saint. Jésus ne retient pas fermement, tel un « capitaliste » extrémiste, le trésor de sa divinité, comme s’il se l’était acquis à lui-même (Ph2, 6).
Cette affirmation de la conception virginale concerne d’abord Jésus dont elle dit l’origine divine. Ce signe donné de la divinité de Jésus est inséparable de l’attestation de sa Résurrection.

N’oublions pas que la foi s’appuie en premier lieu sur le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. Le signe de la naissance virginale souligne que Jésus n’a pas été adopté comme Fils par le Père, mais qu’il est déjà Fils quand il vient parmi nous. Affirmer que Jésus a été conçu du Saint Esprit n’est pas mépriser la sexualité normale. Comme le dit bien le Cardinal Ratzinger (notre Pape Benoît XVI) dans son ouvrage « Foi chrétienne hier et aujourd’hui » paru en 1969 : « La filiation divine de Jésus ne repose pas d’après la foi de l’Eglise sur le fait que Jésus n’a pas eu de père humain ; la doctrine de la divinité de Jésus ne serait pas mise en cause, si Jésus était issu d’un mariage normal ». La conception virginale de Jésus, tout comme la Résurrection, est une révélation que l’ordre de notre monde (les lois de la physique et de la biologie…) n’est pas le dernier mot de tout, et que déjà Dieu y a posé les signes de l’instauration d’une création nouvelle.

L’Evangile nous présente Marie comme la Mère du Fils de Dieu. Toute l’enfance de Jésus s’est déroulée à l’ombre de sa mère. Quand Dieu s’adresse à elle, elle dit le « oui » qui est celui de toute l’humanité. Mais si Marie peut dire « oui », elle ne peut le faire que grâce à Dieu ; la réponse de Marie prend sa source dans le « oui » du Christ à son Père. La disponibilité sans réserve de Marie n’a été possible que par l’amour prévenant de Dieu. Son cœur est libre de péché originel, sans la moindre complicité avec le péché, et sans le moindre retour sur soi.

En cela, Marie a été sauvée par celui qui est mort pour elle, alors qu’elle l’a mis au monde. De tout temps, Dieu a choisi Marie pour être la mère de son Fils, c’est pourquoi elle est « pleine de grâce » : l’Amour de Dieu l’a enveloppée dès sa conception et l’a préservée de tout péché. Tel est le mystère que nous célébrons avec joie le 8 décembre, en la fête de l’Immaculée Conception. En parlant de l’Immaculée Conception, nous ne parlons pas de l’acte par lequel Marie a été engendrée par ses parents.

Nous parlons de la pureté de son orientation sans faille vers Dieu. Mais n’oublions pas que Marie n’est rien par elle-même, car elle doit tout à la grâce de Dieu. Marie n’est pas au dessus de l’Eglise. Elle est dans l’Eglise comme la première, rachetée et sauvée. Et la communauté chrétienne contemple en Marie son propre salut. Ainsi ce qui arrive à Marie est ce à quoi Dieu nous appelle tous.L’Eglise nous enseigne que la Passion de Jésus et sa résurrection sont le fondement de notre salut. En supportant son humiliation extrême, Jésus prouve son amour sans limites pour les hommes et son obéissance sans faille à l’égard de son Père qui l’a envoyé. Souvent on imagine que c’est la souffrance de Jésus qui nous sauve. Or nous ne sommes pas les adorateurs d’un dieu masochiste. Non, ce n’est pas la souffrance et la mort de Jésus qui nous sauve ; c’est son amour inconditionnel qui nous sauve, cet amour sans faille qui va jusqu’au bout, dont la mort est la manifestation. Jésus n’a pas commencé à aimer l’humanité après sa mort ou dans sa mort. Depuis toujours Jésus Christ, le Verbe de Dieu, est passionné de l’homme. Il se donne à lui sans cesse. La croix révèle la dimension tragique de l’histoire de l’homme : l’amour de Dieu a été rejeté par les hommes. Le Père n’a pas voulu empêcher son Fils, véritablement homme parmi les hommes, de subir le sort auxquels sont exposés les hommes dans le monde. En Jésus, Dieu nous apparaît comme celui qui n’abandonne jamais l’homme et qui va, avec nous, jusqu’au bout de nos peines et de nos détresses. C’est rassurant, de savoir que Dieu, en Jésus, a lui aussi été confronté au mystère du mal, de la souffrance et de la mort. Et il en est sorti vainqueur.
Cela dit, chaque jour, des milliers d’hommes et de femmes meurent pour des justes causes et pour les droits de l’homme. Pourquoi attacher une telle importance à la mort de Jésus ? En fait, c’est parce que sa mort n’est pas seulement celle d’un juste humilié et sacrifié. Si Jésus n’était pas Dieu, sa mort serait une mort parmi d’autres. Celui qui aime parfaitement, souffre encore davantage à cause de son amour. Et personne ne nous aime comme Dieu nous aime. A la croix, le Christ nous sauve en nous donnant le témoignage d’un amour qui seul est digne de confiance et peut nous sauver. Car notre salut n’est pas quelque chose qui se passe entre Jésus et son Père. Le salut se passe entre Jésus et son Père d’un côté et nous, de l’autre. Du haut de sa croix, Jésus nous invoque et nous supplie de nous convertir à l’amour.

La conversion de Dieu vers nous jusqu’à la mort nous invite à la conversion vers lui et nous donne la possibilité de répondre à cet amour par notre amour. L’exemple qu’il nous donne est plus qu’exemple, il est don et grâce. Ce qui nous touche dans la mort de Jésus, c’est cet amour qui va jusqu'à la mort. Cette mort par amour devrait faire « craquer » tout homme. Reste à savoir si nos cultures modernes sont capables de se laisser ébranler, de « craquer » devant cet exemple d’amour qui se donne jusqu'à mourir.
Le Credo précise que Jésus est mort et a été enseveli pour rappeler qu’Il n’a pas fait semblant de mourir. Il est mort vraiment. Jésus n’a pas triché dans son incarnation. Il n’a pas fait semblant de prendre notre condition d’homme. Et c’est justement parce que Jésus a vraiment connu la mort que sa résurrection nous concerne, nous les hommes.

 


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