Déconcertantes ces Béatitudes que nous livre l’Evangile de Matthieu de ce week-end ! Elles révèlent un bonheur peu ordinaire et leur écho résonne de façon bien surprenante dans un monde qui propose des modèles de bonheur aux antipodes de l’Evangile. Il ne s’agit plus d’imposer la force des armes, la loi de l’argent pour conquérir les autres. Il s’agit, à l’inverse, de vivre le bonheur que Dieu offre en son Fils Jésus, car les Béatitudes sont le portrait de Jésus et nous en révèlent l’essentiel : pauvreté de cœur qui se dépouille de tout pour combler le pauvre, douceur qui transforme la terre, présence qui soutient celui qui pleure, justice qui redonne dignité aux affamés, ouverture de cœur qui accueille sans rechigner la détresse du monde ; vérité qui laisse transparaître la clarté de Dieu ; audace qui s’attaque à toute forme de violence pour bâtir la paix ; abandon au Christ malgré les incertitudes et les bouleversements de l’histoire, miséricorde et réconciliation, ajustement à Dieu, fidélité malgré tout. C’est à une totale identification à Jésus que chacun d’entre nous est invité. Avec les Béatitudes, nous vivons avec le Christ dans la foi un destin identique.

Attention, les Béatitudes ne sont pas une apologie de la faiblesse (ou « opium » du peuple comme disait un certain Marx). Elles glorifient la force véritable en suscitant un comportement nouveau. Les Béatitudes font appel au meilleur de l’homme pour l’inviter à s’ouvrir à une perfection qui le dépasse, c’est-à-dire à Dieu lui-même. Alors Dieu et le Royaume sont là, chaque fois que des hommes optent pour la logique des Béatitudes. Les Béatitudes constituent à la fois la boussole du chrétien, l’horizon vers lequel il avance et le visage et l’accompagne de sa tendresse, dans la lumière et la force de l’Esprit-Saint.

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