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A la redecouverte de notre profession de foi, Symbole des apotres (suite)


Je crois à la résurrection de la chair.

Le Credo plus développé dit « Symbole de Nicée-Constantinople »
compile les deux derniers articles dans l’expression « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir ». Autrement dit, la foi en la résurrection est non seulement de l’ordre de l’attente mais surtout du désir.

« Je crois à la résurrection de la chair » : d’abord le mot « chair » est mal compris actuellement et sème la confusion dans le cœur du contemporain qui pense toujours à « une masse de viande ». Or ce mot « chair » dans la bouche des Hébreux désignait la vie humaine avec ce que cela comporte comme fragilité et faiblesse de toute créature. Et nous disons que Dieu a pris notre chair pour que « toute » chair devienne Esprit. La foi du Credo est donc d’affirmer que, même si nous sommes fragiles, nous serons relevés et ressuscités par l’Esprit de Dieu.

Notre fragilité terrestre et humaine sera transformée en une création nouvelle dans le Christ. N’oublions pas que nos actes, nos décisions, et nos omissions sont inhérentes à notre histoire personnelle et collective. En Dieu, ils nous donnent une identité. Et une fois embrasés par ce Dieu infiniment miséricordieux et purifiant, nous croyons que l’amour ne sera plus une corvée pour nous mais au contraire une béatitude. Cette vie nouvelle promise par Dieu aura une chair nouvelle irriguée par l’Esprit. Et ce, pour dire que « L’amour est plus fort que la mort».
Voyez-vous, alors que plusieurs expressions françaises donnent à « la chair » une connotation négative de propension aux péchés et au refus de Dieu (souvenons-nous de l’expression « péchés de la chair »), le Credo nous rappelle l’importance de la confiance « à la résurrection de la chair », c’est-à-dire cette promesse à tout homme de quitter l’univers du péché pour entrer définitivement dans l’état du don de l’amour. Corollairement, dire « je crois  à la résurrection de la chair » signifie « je crois que l’homme, aussi fragile qu’il soit, ne court pas à sa perte ». Cela vient relancer notre espérance chrétienne qui, sans cesse, nous rappelle que rien n’est impossible à Dieu; en Dieu rien n’est définitivement irrécupérable. Attention, la foi en la résurrection n’est pas la réincarnation. Et la foi chrétienne à la résurrection est incompatible avec la doctrine de la réincarnation. Cette dernière vient d’Asie et séduit un certain nombre de contemporains, notamment en Occident, puisque jugée « beaucoup plus compréhensible et acceptable».

Cette doctrine de « réincarnation » est une sorte de nécessité selon laquelle l’homme doit passer par un cycle répétitif d’existences permettant d’atteindre enfin la pureté du nirvana. Selon la logique de la réincarnation, l’homme n’est pas une réalité définitive. C’est une figure transitoire de vies antérieures et ultérieures. Cette conception attire beaucoup d’hommes et de femmes qui ont de plus en plus de mal à s’engager de manière stable. Or la foi chrétienne nous rappelle que notre vie terrestre « n’est pas un jeu sans enjeu ».

Ecoutons Tertullien, un grand théologien du IIè siècle : « Cette chair que Dieu assembla de ses mains à l’image de Dieu, qu’il anima de son souffle à la ressemblance de sa puissance de vie, qu’il établit pour dans toute son œuvre, en jouir et lui commander, qu’il revêtit de ses mystères et de ses enseignements,[ …] ne ressusciterait pas, après avoir été tant de fois la chose de Dieu » ?

Notons que la résurrection de la chair trouve son fondement dans la résurrection du Christ. Jésus est ressuscité « pour nous » (2 Co 5, 15). Autrement dit, la résurrection de Jésus est notre avenir.
Le but de la foi chrétienne, ce n’est pas une béatitude privée, mais la totalité (« Dieu ne me sauve sans les autres »). Le croyant chrétien a confiance en Jésus Christ et pour cette raison, il croit à l’avenir du monde, non seulement à son avenir personnel. Et il sait que cet avenir est au-delà de ce qu’il peut réaliser lui-même. Mais cela, loin de l’inscrire dans le monde les bras croisés, le rend participant actif au salut de toute l’humanité.

 


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