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A la redecouverte de notre profession de foi, Symbole des apotres (fin)


Je crois à la vie éternelle. Amen.

Voilà un article du Credo sur lequel le Nouveau Testament est très peu bavard et même quand il en parle il utilise beaucoup d’images. En effet, la vie éternelle est le grand dévoilement de ce qui est déjà présent et caché dans notre vie terrestre C’est la participation pleine et définitive à la vie de Dieu. Autrement dit, il s’agit d’entrer dans l’échange formidable d’amour entre le Père, le Fils et le Saint Esprit. Et dans la vie, nous verrons Dieu tel qu’Il est. Rappelons-nous que cette expression « voir Dieu » signifie à la fois connaître Dieu et vivre de sa vie. Dans le Nouveau Testament voir Dieu et la vie éternelle sont intimement liés, alors que l’Ancien Testament proclamait que personne ne pouvait voir Dieu sans mourir. « Personne n’a jamais vu Dieu ; son Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé » (Jn 1,18). Et ce Fils cherche à conduire à travers lui vers la vision véritable du Père. Souvenons-nous de la béatitude « voir Dieu » qui est promis « aux cœurs purs » (Mt 5,8). La vie éternelle « c’est qu’ils te connaissent toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé Jésus-Christ » (Jn 17,3). Dans le livre de l’Apocalypse, nous apprenons que dans la Cité Sainte, les serviteurs de Dieu « verront » le Visage de Dieu (Jn 22,4). Attention, cette vision n’est pas un spectacle immobile ! D’une manière symbolique, certains moments de fête associant le plaisir de la communion, celui de la convivialité et celui de la communication dans la joie, peuvent nous faire comprendre un peu ce qu’est cette vision béatifique de la vie éternelle. Et d’ailleurs dans les paraboles, la venue de Jésus est comparée à un repas de noces avec l’humanité. Mais alors plusieurs questions jaillissent se demandant si nous ne trouverons pas ce temps de l’éternité un peu trop long ! Déjà que certaines messes qui n’en finissent pas nous désespèrent…. ! Cela doit nous amener à nous rappeler que l’éternité n’est pas sous les traits d’une durée indéfinie. L’éternité n’est pas comme le temps qui se poursuivrait « après le temps terrestre ».L’éternité est celle d’un instant qui ne passe pas. Certaines expériences de la communion dans l’amour, certains émerveillements artistiques et esthétiques, les instants de « ravissements » (où nous sommes arrachés à nous-mêmes dans un bonheur inouï) pourraient nous représenter un peu cet instant de l’éternité. Autrement dit, l’éternité serait comparable (même s’il faut toujours se méfier des comparaisons) à ces instants de joie immense où nous avons envie d’arrêter le temps. Mais l’instant de l’éternité ne passera pas. Cet instant d’éternité permettra à la fois des relations personnelles et des relations de «tout à tous ». La foi chrétienne nous parle de deux « instants » dans la résurrection : il y a l’instant de la résurrection qui correspond à l’instant de notre mort et celui de l’accomplissement de la résurrection de tous au regard de tous. Autrement dit tant qu’il y aura des hommes sur cette terre qui ne sont pas ressuscités, la résurrection restera inachevée. Cela nous amène donc à distinguer « la fin des mondes » et « la fin du monde ». « La fin des mondes » correspond à la mort de chacun de nous et « la fin du monde » qui correspond à la résurrection totale qui devient l’instant ultime de la résurrection inaugurée le jour de Pâques. Tout cela pour réaffirmer que l’histoire de l’homme et de l’univers a un sens, contrairement aux prophètes catastrophistes du malheur.

Que dire alors du purgatoire et de l’enfer ?
Le purgatoire n’est pas un lieu, mais « un devenir » irreprésentable de purification. La seule grande souffrance que cet état comporte est de ne pas encore pouvoir « voir Dieu ». Car nous avons besoin d’être « semblables au corps de gloire » du Seigneur pour pouvoir voir Dieu. Pour entrer dans la lumière et la transparence du Seigneur, nous avons besoin de nous débarrasser de nos manques d’amour, de nos hypocrisies, de notre orgueil, de nos égoïsmes, de nos mensonges… Pour partager de façon parfaite l’amour de Dieu (au paradis, on ne se contente pas du peu d’amour), nous devons donc nous laisser « embraser », « purifier » par le feu de l’amour du Père.

Quant à l’enfer, nous avons du mal à l’imaginer surtout que notre foi affirme que notre Dieu n’est pas du tout vengeur et qu’au contraire il est le Père tout-puissant. Or dans les Evangiles, Jésus nous parle de l’enfer. Sa prédication ne nous met pas en en attitude tiède dans nos choix entre le bien et le mal, entre l’amour et la haine. Jésus n’hésite pas à utiliser des expressions dures comme « la fournaise de feu » « les pleurs et les grincements des dents » (Mt 13,42) ou alors « la géhenne où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas » (Mc 9,47-48). Ou alors « loin de moi, maudits, au feu éternel ! » (Mt 25,41). Ces expressions ne sont pas des reportages de condamnations « anticipées » mais au contraire des avertissements et des interpellations vives à l’homme d’aujourd’hui pour qu’il se rende compte de l’enjeu de sa vie terrestre. Il est vrai que Dieu ne cherche pas du tout à nous prendre en traître. Dieu est notre ami et nous envoie tout ce dont nous avons besoin.

Il est miséricordieux de façon infinie et rien ne peut le freiner dans son projet de sauver l’homme. Seulement Dieu ne peut pas nous sauver malgré nous. Dieu ne peut pas nous imposer son bonheur et son salut, sinon il ne nous aurait pas créés libres.
L’amour est amour parce que c’est une proposition faite à l’homme libre. Et c’est cela qui nous permet de comprendre que l’enfer n’est pas la création de Dieu mais celle des hommes. La vie avec Dieu (le paradis) est proposée à l’homme libre. Dieu n’est pas un tyran qui imposerait sa vie malgré l’avis défavorable de l’homme. Il serait erroné de dire que je serais sauvé quoique je fasse, à moins que Dieu soit manipulateur. Mais en même reste à savoir jusqu’où l’homme résisterait au bonheur proposé de Dieu. Avons-nous le droit de désespérer de quelqu’un ? Avons-nous le droit de dire de quelqu’un « il est perdu pour toujours » ? Comme le disent plusieurs mystiques, je ne peux pas du tout parler de l’enfer pour les autres (car je n’ai pas le droit de juger les autres), mais uniquement pour moi.
Mais en même temps pourquoi j’interdirais à mon sujet ce que j’espère pour les autres ? Laissons à Dieu la finesse de cette équation infinie entre sa miséricorde infinie et son respect absolu de la liberté de l’homme. Et en attendant, espérons la vie en Dieu pour tous.


AMEN : ce mot hébreu signifie « c’est ainsi », « c’est solide comme du roc», « c’est ferme », « c’est vrai ». Et le chrétien, en disant « amen » affirme qu’il adhère solidement à ce qui vient d’être proclamé. Dire « amen » signifie « je le crois vraiment ; je l’espère ; ma vie toute entière repose sur cela ; je crois que ce que ce que je viens de dire est vraiment sérieux très important pour tout homme ; je suis prêt à en être témoin même en donnant ma vie ».

 

 


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