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Septième Commandement :
« Tu ne voleras pas  ».


Dans la Bible, cet interdit de voler ne concerne pas seulement le vol en général mais d’abord le vol d’hommes, de femmes et d’enfants enlevés au cours des razzias pour être réduits en esclavage. Aujourd’hui ce commandement retrouve toute sa gravité : il concerne tout acte qui consiste à s’attribuer les biens qui ne nous appartiennent pas mais aussi toute exploitation par l’homme et l’engrenage de la malhonnêteté.

L’exploitation de l’homme par l’homme constitue, à travers le monde, une forme d’organisation du travail et du commerce. Combien d’hommes et de femmes dont on « vole la dignité humaine » par des magouilles complexes ? (main-d’œuvre « bon marché » importée de l’étranger ou exploitée sur place, populations chassées de leurs terres ou parquées dans des vastes ghettos ; déséquilibres de salaires entre hommes et femmes ; exploitation d’enfants dans les mines et grandes plantations ; trafic de drogues, prostitutions des adultes et des enfants ; commerce des embryons ; « des ventres à louer »…). Selon la doctrine sociale de l’Eglise, l’homme ne participe pas seulement à l’œuvre créatrice de Dieu. Il est associé à la rédemption du monde par son travail. Le travail rend l’homme libre. Aujourd’hui encore, alors que des ressources naturelles restent inexploitées, des millions d’hommes et de femmes demeurent sans emploi ou restent sciemment sous-employés. Or le travail est un droit sacré pour toute personne. Ce n’est pas seulement le chômeur qui devrait rougir de ne pas avoir de travail, mais la communauté humaine qui ne trouve pas à lui en offrir. La production des biens revient tout autant aux femmes qu’aux hommes. Les femmes doivent donc avoir accès au travail. Il faut tenir compte de leur qualité de femmes sans que cela engendre une discrimination. Leur travail au foyer doit également être reconnu et respecté. Les travailleurs immigrés doivent jouir des mêmes droits et mêmes avantages sociaux que les travailleurs nationaux, car « tout ouvrier mérite son salaire ». Refuser cette justice à l’égard des travailleurs immigrés (tout autant qu’aux travailleurs nationaux) c’est voler.
Les personnes handicapées ne devraient pas être exploitées ou exclues du monde du travail. L’humanisation de notre société exige qu’on leur procure des tâches à leur portée. Jouer sur leur handicap pour leur refuser du travail ou pour leur donner des salaires illusoires, c’est voler.
Dans sa manière d’attribuer des salaires, le chrétien est invité à s’inspirer de la justice de Dieu (ici on peut prendre le temps de lire le Livre magnifique du Prophète Amos). Une rémunération du travail qui permet aux salariés d’assumer toutes leurs charges entre en premier lieu dans l’évaluation du juste salaire.

La vocation particulière des chrétiens est d’être « ferment » dans le monde : ils sont appelés à dialoguer dans la concertation sociale (notamment dans les mouvements syndicaux) et à collaborer avec les personnes de diverses tendances, sur le plan politique, économique et social, afin de défendre les intérêts du plus grand nombre et particulièrement ceux des plus démunis.

Voler ce n’est pas uniquement voler de l’argent ou voler du matériel. Voler c’est aussi voler du temps par la paresse ou par le fait de prendre du temps du travail salarié pour en faire autre chose.

Aujourd’hui tout le monde crie scandale à propos de la faim dans le monde ou à l’équilibre du grand écart entre les pays du Tiers Monde et les pays développés. Mais moins sont les personnes qui se posent la question de la justice du commerce entre les Pays riches et les pays pauvres. Beaucoup de cas de « pièges » (avec des taux d’intérêts « irremboursables ») sont signalés dans des divers contrats entre les fonds monétaires internationaux et les pays pauvres. Par ailleurs ici et là on entend parler des cas de corruption. Le chrétien doit se rappeler que prendre de l’argent, sans autorisation, de la caisse de l’état ou de la caisse de l’entreprise, c’est voler. Nos états ont mis en place un système de solidarité qui permet la répartition des moyens. Et les impôts sont un des moyens de redistribuer les biens : ils doivent être payés honnêtement. C’est voler, le fait de participer à la fuite des capitaux à l’étranger. Il en va de même quand on utilise les mouvements sociaux pour d’autres fins que la justice sociale. Les abus dus à la mauvaise gestion, le gaspillage des biens de l’Etat, de l’Eglise ou des sociétés ; le vandalisme dans les lieux publics, la fraude sur les transports publics (train, bus, métro, tramway…), entrée sans payer (stades, spectacles…) sont aussi les autres figures du vol d’aujourd’hui. On peut rallonger la liste des vols : tricheries aux examens, vols des voitures, bicyclettes, des sacs à mains, vols dans les magasins, attaque à main armée, faire des chèques en blanc... Dénoncer tout cela au nom du septième commandement ce n’est pas proclamer que l’Eglise se substitue aux experts de l’Etat en la matière ou qu’elle a la clé ou la solution de tous ces problèmes. L’Eglise en appelle aux consciences. Elle interpelle vigoureusement les chrétiens et en particulier ceux qui croient qu’ « on ne peut rien y faire ». La force du septième commandement est de nous rappeler que le Dieu qui nous sauve du cauchemar de l’égoïsme et de l’individualisme nous rend justice en nous rendant justes.

 


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