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Huitième Commandement :
« Tu ne mentiras point  ».


D’après la Bible, la vérité n’est pas uniquement absence de cachotterie. La vérité est le fait de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un comme sur le roc. Autrement dit, dans la Bible, la vérité est fiabilité. Jésus est la vérité parce que nous pouvons compter sur lui.

« Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain », nous disent les Ecritures. Ce commandement était surtout appliqué aux cas de témoignage en justice. Le sort des hommes au sein du peuple hébreu dépendait souvent d’un bon ou d’un mauvais témoignage. Tout dépendait des témoins : l’honneur, la liberté, la vie. C’est pourquoi on punissait sévèrement les faux témoins : on leur infligeait la peine prévue pour la faute dont ils avaient accusé leur prochain.
Aujourd’hui encore le faux témoignage continue de blesser l’humanité et de « tuer » des relations humaines. Or l’Esprit de Dieu nous est donné comme source de vérité. Et le monde a besoin des vrais témoins qui rendent justice à la vérité d’un être humain, et ce besoin ne se limite pas aux tribunaux. Toute notre vie est appelée à témoigner en vérité les uns pour les autres. « Tu ne mentiras point » ne concerne pas uniquement les gens qui les individus. C’est un commandement qui concerne aussi des institutions sociales et professionnelles. Aujourd’hui, ne nous arrive-t-il pas d’être témoins de temps en temps des articles de presse (presse écrite, TV…), qui bafouent la vie privée des gens ou qui édulcorent la vérité pour avoir de la clientèle ? Or mentir c’est vicier les relations humaines par une parole ou par un comportement qui trompe la confiance.

Le huitième commandement nous demande de prendre garde à nos paroles et nos silences. Même si la parole est un don magnifique venant de Dieu, elle peut pourtant être meurtrière. « Voyez comme il faut peu de feu pour faire flamber une vaste forêt ! La langue aussi un feu ! Nul ne peut la dompter. Avec elle, nous bénissons le Seigneur et Père, avec elle aussi, nous maudissons les hommes qui sont à l’image de Dieu » (Jacques 3,6.8.9). En quelques minutes on peut réduire en cendres le nom et la réputation de quelqu’un. Combien faudrait-il d’années avant que la forêt ne reverdisse ! Ainsi donc gare à la médisance et à la calomnie, les préjugés, le mensonge. Tout cela blesse le prochain et menace l’unité de l’Eglise en introduisant la méfiance entre les gens. Etre vrai, dire du bien de son prochain et le dire tout haut, vouloir réparer le mal colporté et cultiver le préjugé favorable, c’est édifier la communauté chrétienne dont le climat est la charité.

L’exigence du huitième commandement ne se réduit pas à « dire la vérité ». Encore faut-il la dire de façon à ce que le frère puisse l’entendre. Le premier qui dit la vérité à son frère doit être à l’aider à le porter. « Dire ses quatre vérités » à quelqu’un c’est vraiment l’humilier. Seule la vérité dite de bon cœur est « vraie ». Autrement dit, Dieu ne m’invite pas à dire la vérité qui tue et qui pousse l’autre au désespoir. Apprendre à dire la vérité, c’est apprendre à aimer sous le regard aimant de Dieu. Loin de sombrer dans les ténèbres, « celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21) parce qu’il la reçoit de l’amour du Père.

Dans la recherche et de l’amour et de la vérité, le silence est un langage. Il peut être une faiblesse. Il est souvent une force. On peut dire la vérité à quelqu’un en gardant silence (du moment où on permet à l’autre de percevoir ce silence comme une parole). Il y a des gens qui, par leur profession et leur style de vie (médecin, prêtre…) pénètre dans la vie privée des gens et sont ainsi tenus au secret. Ce qu’un prêtre apprend en confession, il ne peut le communiquer à personne, même avec la permission du pénitent !Le principe chrétien est : ne pas dire la vérité qu’à celui qui a le droit de la connaître et la force de la porter ; ne lui dire cette vérité que de manière à ce qu’il puisse la porter. Ce n’est pas un péché de proférer une contre-vérité afin de protéger quelqu’un moralement ou physiquement. Mais en même temps, taire ou édulcorer la vérité ne se fait pas à la légère ! S’ouvrir à la vérité est un appel constant. Il y a des circonstances où l’on doit pouvoir admettre sans ambiguïté certaines vérités ou en dénoncer d’autres. Nous sommes appelés à être ces prophètes qui clament bien haut la vérité, au nom de notre baptême. Et c’est pour cela que c’est même nécessaire de signaler un mal caché même à des personnes compétentes, même à des personnes hiérarchiques. Ceci n’a rien à voir avec le goût du sensationnel, de l’orgueil ou de vengeance. N’oublions pas qu’il y a des hommes et des femmes qui prennent le risque de vivre de la vérité et qui perdent leur vie parce qu’ils dénoncent le mensonge et les injustices. La vérité demande qu’on lui rende témoignage. Etre chrétien en vérité, c’est rendre compte de la foi qui nous anime. Voilà pourquoi la communauté chrétienne se nourrit du témoignage de ceux qui ont donné leur vie en confessant leur foi devant les hommes pour l’amour de leurs frères. L’Eglise les appelle les martyrs, c’est-à-dire des témoins.
Le huitième commandement nous demande de ne pas confondre notre sincérité (notre honnêteté) avec la vérité. Parfois notre sincérité et notre honnêteté ne sont pas vraies du tout. (Il y a des gens qui se disent sincères en affirmant par exemple leur penchant raciste ou en défendant leurs perversités). La vérité est toujours basée sur la révélation. La vérité n’est pas le simple résultat de l’imagination de l’homme. La vérité est un don de Dieu. Etre disciple de la vérité est un penchant auquel nous devons nous convertir par la prière et par le souci courageux d’éduquer notre conscience. Dire et se dire la vérité de foi, c’est d’abord pouvoir l’entendre avec un cœur de pauvre de la bouche de Celui qui se dit dans l’Evangile « Le Chemin, la Vérité et la Vie ».

 


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