La catéchèse a dédoublé le dixième commandement biblique « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain, ni sa femme ni ses biens » (voir Ex 20,17).
En effet, l’homme est un être de désir et c’est d’ailleurs cela sa grandeur. Car ce désir ouvre son cœur vers les autres : désirer vivre, guérir, progresser, aimer et être aimé, quoi de plus beau ! Convoiter par contre, c’est ramener tout à soi, rien qu’à soi et à ses besoins, jusqu’au mépris de Dieu et des autres. Dans l’Ancien Testament, « convoiter » est un terme très réaliste : il n’engage pas seulement la pensée, mais aussi le passage à l’acte qui consiste à intriguer pour arriver à ses fins. Bref convoiter c’est un acte. Dans les Evangiles, Jésus dénonce la convoitise : « C’est du cœur en effet que procèdent mauvais desseins, meurtres, adultères, débauches, vols, faux témoignages, diffamations » (Mt 15,19-20). Convoiter est une intention qui, même si elle ne passe pas aux actes, est déjà pleine de malice. D’où la remarque du Christ : « Quiconque regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur, commis l’adultère avec elle » (Mt 5,28). Au début des Béatitudes, Jésus dit « Heureux les cœurs purs; Ils verront Dieu ». Autrement dit, celui qui aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute son intelligence, voit clair dans l’amour qu’il porte à son frère. Souvenons-nous du Psaume « l’homme aux mains innocentes et au cœur pur ne porte pas son désir vers le mal et ne jure pas pour tromper ». Le mot « pur » signifie « d’une seule pièce ». Jésus demande donc à ses disciples d’être « parfaits », « intègres ». Un ami de Jésus, un chrétien ne se contente point du peu ! Notre volonté de vivre de l’amour doit être « intègre » sans mélange de bien et de mal.
Le neuvième commandement accorde une attention particulière au domaine de l’amour et de la sexualité. Il ne s’agit pas de la sexualité en soi mais de l’exercice de la sexualité dans son rapport au prochain. Comme l’adultère est une injustice qui lèse le prochain, ainsi donc celui qui convoite la femme ou le mari de son prochain ne peut prétendre qu’il aime vraiment Dieu. Son amour du prochain est devenu tout simplement hypocrite. S’il met en acte ce qu’il projette dans son cœur, il détruira le bonheur d’un couple ou d’une famille.
Ceci dit, on peut toujours se demander l’originalité du neuvième commandement par rapport au sixième. En effet, la profondeur du sixième commandement est mieux mise en lumière par le sens chrétien du neuvième. Dans le neuvième le mal de l’adultère est considéré dans sa racine. Il ne s’agit donc pas d’avoir, au sujet de la sexualité, de « mauvaises pensées », ni de s’y complaire, mais de désirer injustement la femme ou le mari d’autrui et d’entretenir ce désir. Autrement dit, les pensées ou les désirs mauvais qui se présentent spontanément à notre esprit ne sont pas des péchés. Mais la complaisance entretenue ou recherchée appartient à l’esprit du mal : elle est péché parce qu’elle obscurcit le cœur qui y consent librement.
Le climat d’érotisme dans lequel nous baignons est une provocation pour tous et en particulier pour les enfants et les jeunes qui sont appelés à la pureté, c’est-à-dire à aimer en vérité. Le neuvième commandement ne se limite pas seulement à la convoitise qui nous habite. Il vise aussi le scandale, c’est-à-dire tout acte par lequel nous suscitons la convoitise des autres. Nous touchons ici le domaine de l’éducation, des spectacles, de la publicité, des médias pornographiques qui corrompent des mœurs. Combien de nos enfants n’ont-ils pas encore vu des films ou des revues pornographiques ? Combien n’ont pas consulté des sites pornographiques ? N’oublions pas que le cœur de l’homme est vulnérable devant la séduction du mal. La pureté du cœur n’est pas à la portée de l’homme qui se fie en lui seul ; elle se  « mendie » tous les jours dans la prière. Le chrétien doit avoir foi dans la grâce du baptême qui fait de lui un « homme nouveau » habité par l’Esprit Saint. L’amour est inventif et créatif. Le neuvième commandement est ainsi un appel lancé à la communauté chrétienne pour soutenir des artistes (peinture, théâtre, films, sculptures…) qui oeuvrent pour l’amour véritable et tiennent un langage d’amour qui tranchent avec la séduction et la perversité.

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