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Dixième Commandement :
« Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui  ».


Alors que le neuvième commandement nous mettait en garde contre la convoitise sexuelle, le dixième commandement nous met en garde contre la convoitise des biens d’autrui.
En effet, nous avons tous le droit de désirer des biens. Désirer n’est pas mauvais ; c’est même source d’aspirations, d’effort, de créativité et de projets. Il est normal de désirer une maison agréable ; un travail agréable ; une voiture agréable ; un compte en banque « bien garni »… Seulement nous pouvons tomber dans le cas de ceux qui sont possédés par les choses (Les paroles du chant de Jean Jacques Goldmann : « J’ai pris les choses et les choses m’ont pris…Elles me donnent un prix »). Autrement dit, la convoitise des choses peut m’obséder jusqu’au point de mépriser l’amour de Dieu et de mes frères. Alors que les biens matériels sont censés me mettre en relation avec les autres, la convoitise matérielle me coupe des autres.

 

Pire : cette convoitise matérielle me coupe de moi en réduisant mon être à ce que je désire posséder. La convoitise peut devenir donc une tyrannie pour soi-même et pour autrui. Ce n’est pas l’argent ou les biens matériels qui sont mauvais. C’est l’asservissement qu’engendre la convoitise qui est mal. Cette convoitise peut nous introduire dans une cupidité terrible et changer notre cœur de chair en coeur de « pierre ». « Amassez-vous des trésors dans le ciel, dit Jésus, car là où est votre trésor, là est votre cœur » (Mt 6,19-21). N’oublions pas cet autre avertissement du Christ : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un ou méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’Argent » (Mt 6,24).
La convoitise matérielle peut nous amener à voler, même à haïr, et même à tuer. La convoitise des biens par ailleurs peut être provoquée par notre égoïsme et par notre paresse.

 

Saint Paul attribue la tentation de voler à la paresse : « Que celui qui volait ne vole plus ; qu’il prenne plutôt la peine de travailler de ses mains, au point de pouvoir faire le bien en secourant les nécessiteux » (Ep 4,28).
Le Dixième Commandement nous met en garde contre l’étalage (arrogant) de nos richesses devant les pauvres avec qui nous refusons de partager nos biens et notre temps. Car en faisant de l’étalage nous excitons leur convoitise.


La convoitise conduit à l’idolâtrie : elle pousse à renier le vrai Dieu et à servir les biens matériels. Et du coup la convoitise nous pousse à nous servir des autres comme instrument de profit, sans égard pour leurs droits et leur dignité humaine. Combien de gens sont devenus proxénètes à cause de la convoitise matérielle ?! Celui qui accueille l’argent comme son Maître, ne se contente pas d’ailleurs d’utiliser le prochain pour son profit, il finit par s’en servir pour son plaisir comme un objet. La convoitise petit à petit peut nous pousser à nous « chosifier » ou à chosifier. On peut se prostituer (s’avilir autrement, renier sa dignité humaine…) par convoitise des biens matériels.

Chacun de nous peut s’interroger sur la vraie valeur qu’il accorde aux choses matérielles: la voiture, la maison, le téléphone portable ; l’ordinateur ; la destination des nos vacances; les habits ; … Est-ce que tout cela rend vigilant notre esprit de charité ou alors nous coupe des autres (en nous montant contre les autres) ? La convoitise matérielle est un péché car elle nous met en situation où nous nous refusons à partager avec les nécessiteux. Le superflu fait éclater l’essentiel. En nous laissant « hanter » par nos biens matériels personnels, nos yeux sont fermés aux vrais besoins des autres et de nous-mêmes. Le dixième commandement nous appelle à convertir notre cœur de pierre en cœur de chair. Ce commandement est indissociable de la charité : celui qui aime son prochain comme soi-même peut atteindre la pureté du cœur qui tranche contre la convoitise.

La charité discerne le bien de moi-même et du prochain : elle est la Loi dans son intégralité (Rm 13,8-10). La charité est la joie du don de soi et du partage qui puise en Dieu le sens et la valeur de la vie, ce Dieu dont la générosité est toujours débordante.

 


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