Suis-je obligé d’accueillir l’étranger ?
« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille » (Mc 9,37).
A l’heure où l’actualité reste dominée par la crise migratoire, cette parole du Christ peut avoir une résonance particulière dans nos coeurs. La réalité de ces derniers jours nous amène à constater que le nombre impressionnant de réfugiés fuyant les violences et les guerres vient s’ajouter à celui des migrants et des personnes démunies déjà présents dans nos pays frappés par la crise économique aux conséquences désastreuses : taux élevé du chômage, baisse du pouvoir d’achat et manque de logements. A cela, s’ajoute la peur de l’étranger qui gagne nos familles.
Dans ce contexte qui pousse à l’austérité et au repli sur soi, il faut reconnaître que la mise en pratique de cette recommandation du Christ, bien qu’urgente, n’est pas aussi facile. D’ailleurs, certains pays européens n’hésitent pas à fermer leurs frontières. D’autres, par contre, posent la question en terme d’appartenance religieuse pour accueillir ou non les migrants. Mais face à cette dure réalité, faut-il se laisser gagner par le sentiment d’impuissance ou céder à la tentation du rejet de l’autre ?
En effet, la tradition biblique présente l’hospitalité comme une bonne oeuvre que le croyant doit accomplir en se souvenant que lui-même a été un immigré. Ainsi, sont louées l’hospitalité d’Abraham sous le chêne de Mamré (Gn18,1-8), celle de Loth dans la ville de Sodome (Gn19,1), ou encore celle de Tobie à l’égard d’un inconnu (Tb7-8). Dans l’Evangile, Jésus a fait l’expérience de l’hospitalité dès son enfance. Il a été lui-même accueilli dans des lieux divers, et par des personnes bien différentes les unes des autres : la fuite de ses parents qui ont trouvé refuge en Egypte (Mt 2,13-15). Jésus a été accueilli chez Marthe et Marie (Luc 10,38-42), chez Zachée (Luc 19,6), chez les Samaritains (Jean 4,40) et les Galiléens (Jean 4,45).
Mais bien que l’hospitalité reste une vertu précieuse, elle ne va certainement pas de soi, hier comme aujourd’hui. Elle reste une question complexe. Cependant l’enseignement du Christ et son attitude envers les pauvres peuvent éclairer nos choix et notre engagement : Lui qui, par son Incarnation s’est fait Pauvre et Serviteur, n’a pas hésité à s’identifier aux pauvres. Ainsi, même quand les moyens et conditions d’accueil font défaut, le chrétien à l’image de son Maître, est appelé à comprendre que la charité n’est pas une option de sa mission, mais elle est partie intégrante et indissociable de sa vie de foi. Tandis que les barrières de fils barbelés sont érigées, le coeur du chrétien est invité à s’ouvrir et à aimer au-delà des frontières. C’est dans ce sens que l’auteur de l’épître aux Hébreux exhorte les croyants à l’amour fraternel, en ces termes : « N’oubliez pas l’hospitalité, car grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges » ( Hb13,2). Au jugement dernier, Jésus fera entrer dans sa gloire ceux qui ont fait preuve d’humanité envers le pauvre, le malade, le prisonnier, l’étranger (Mt 25, 31-40).
Père Alain BINIAKOUNOU – © 2015
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Textes de la base de données des « Services de la Liturgie Catholique »
éditeur : Association Episcopale liturgique pour les pays francophones