Cette question surgit chez nombre de personnes quand elles sont en face de croyants d’autres confessions religieuses, qui leur disent qu’il est interdit de manger certains aliments au nom de la foi. Qu’en est-il pour les chrétiens ?
– En lisant l’Ancien Testament, on constate qu’à la création Dieu a dit à l’homme : “ Tout ce qui foisonne sur la terre est à votre disposition ; tout ce qui bouge et vit sera votre nourriture ” (Gn 9, 2-3). Mais aussitôt, on voit surgir les passages des interdits alimentaires, tels que Genèse 9, 4 où il est interdit de manger “ la viande avec son sang », car on croyait que l’âme résidait dans le sang (Lv 1, 34.39 ; 19, 26 ; 17, 11 ; Dt 12, 23). La graisse des animaux était aussi interdite (Lv 1, 22). Dans le Lévitique (11, 1-23) et son parallèle Deutéronome (14, 3-21), on défend de manger du chameau, du lièvre, du porc, de l’autruche et une longue série d’animaux aquatiques, d’oiseaux, de reptiles et d’autres bestioles ailées. Tout ce qui entre en contact avec ces animaux devient aussi impur.
– Dans le Nouveau Testament, on ne retrouve pas les interdictions alimentaires. Elles ont été radicalement annulées par Jésus-Christ qui déclara que ” tous les aliments sont purs (Mc 7, 14-22). Un jour, il interpellait ses disciples en disant : « Êtes-vous donc sans intelligence, vous aussi ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans l’homme, en venant du dehors, ne peut pas le rendre impur, parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais dans son ventre, pour être éliminé ? …Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. Car c’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres… méchancetés, orgueil et démesure… »
– Mais après Jésus, les juifs continuaient à s’accrocher à leurs lois et coutumes concernant tous ces interdits, et faisaient de durs reproches aux premiers chrétiens convertis du judaïsme (Ac 15, 13-19 et 21, 20). Même chez les Apôtres, il y eut des réticences (Ac 10, 9-16 et 11, 1-18). Face à cela, Saint Paul déclara : « Que personne ne vous critique pour ce que vous mangez ou buvez…“Tout cela n’était que des ombres et la réalité, c’est le Christ… (Col 2, 16-17 ; 20-23). Dans sa première lettre à Timothée, Paul blâme ceux qui défendaient, entre autres choses, de manger certains aliments créés par Dieu, car « tout ce que Dieu a créé est bon, et rien n’est à rejeter si on le prend dans l’action de grâce » (1 Tm 4, 3-4). » Ce n’est pas un aliment qui nous rapprochera de Dieu. Si nous n’en mangeons pas, nous n’avons rien de moins, et si nous en mangeons, nous n’avons rien de plus ». (1 Co 6, 13 et 8, 7-13).
– C’est seulement en temps de carême que l’Église demande à ses fidèles de jeûner et de s’abstenir de la viande le mercredi des Cendres et le vendredi Saint. On peut aussi jeûner les autres vendredis de carême en s’unissant aux souffrances du Christ.
En conclusion, il nous faut toujours lire l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau Testament, parce que Jésus-Christ, Dieu fait homme, a mené à sa perfection l’ancienne loi en abolissant les coutumes qui, pour les juifs, étaient des pratiques très importantes.