En janvier 2016, nous partagions avec vous la première lettre du père Modeste Niyibizi, curé de Chanteloup-les-Vignes avant le regroupement avec la paroisse de Carrières-sous-Poissy, qui relatait ses impressions trois mois après son arrivée à Oran.
Jeannine a eu la joie de lui rendre visite et nous relate les moments forts de son voyage à Oran et Tibhirine.
Je suis invitée à partager avec vous mon récent voyage en Algérie, où j’ai eu la chance et la joie d’aller rendre visite à notre précédent curé de Chanteloup, le Père Modeste. Beaucoup de surprises m’attendaient… Hormis les paysages magnifiques et variés, j’ai fait des rencontres humaines étonnantes.
Nous avons partagé une soirée riche d’échanges et de témoignages bouleversants avec des migrants et des étudiants subsahariens anglophones et francophones, qui forment la communauté de la paroisse de la cathédrale d’Oran. Tous sont accrochés à Père Modeste et espèrent beaucoup de sa présence chaleureuse et réconfortante. Sa mission l’envoie également aux portes du Sahara, à Bechar à 700 km d’Oran, où il accompagne une fois par mois quelques familles chrétiennes. Un très long voyage en train, de nuit, le conduit auprès de ces paroissiens éloignés qui attendent sa présence stimulante, mais hélas trop rapide puisqu’il prend le train du retour déjà en fin de journée.
A Aïn Sefra, une communauté de trois soeurs franciscaines (Ludivine, Agnès et Isabelle) accueille et cherche à redonner avec beaucoup d’amour et d’ingéniosité, de la motricité à des enfants handicapés, sans a priori quant à leur origine. Afin que les mamans puissent attendre confortablement leurs enfants, elles ont installé un salon d’accueil dans leur maison. Elles s’y retrouvent autour d’un thé, pour bavarder et se rencontrer. Ces religieuses attendent la visite de leur curé qui célèbre pour elles l’Eucharistie !
A Oran, nous avons eu la joie d’être invités chez des familles algériennes, chrétiennes et musulmanes, pour partager dans une ambiance très conviviale et amicale, leur intimité autour d’un repas. L’accueil très chaleureux ne nous a pas laissés indifférents… Ces familles assistent ensemble à la messe dominicale, célébrée le vendredi matin. Les jeunes étudiants et les migrants animent avec joie et bonheur ces messes, en entonnant les mêmes chants que nous… français, africains, portugais… C’est vraiment très beau, l’Eglise universelle. Mohamed, musulman, assiste à la messe pour écouter les beaux chants de la chorale, et profiter de… l’homélie ! (son épouse Rachida est membre du Conseil Paroissial). Père Modeste n’a pas changé ! Il a conservé la culture des repas partagés, et chacun semble s’en réjouir… Cette spontanéité dans la proximité est vraiment bouleversante.
Enfin, j’avais émis le souhait de me rendre à Tibhirine. Au terme d’un long voyage en voiture, accompagnés par Akim et Ouali, deux paroissiens de Père Modeste, nous sommes arrivés sous une pluie battante. Un brouillard épais nous enveloppait. Dans cette atmosphère particulière, l’émotion se faisait encore plus palpable… Le monastère est aujourd’hui habité par trois frères.
La messe concélébrée avec Père Modeste dans la chapelle où les sept moines martyrs déclarés bienheureux ont prié, le repas partagé dans la salle commune, le dernier recueillement devant les sept tombes sous une pluie glaciale, intensifiaient encore notre émotion ! On se serait cru dans l’ambiance de la fin du film Des hommes et des dieux !!!
J’ai vraiment vécu de très beaux moments de simplicité, de joies, et d’émotions diverses dans toutes ces rencontres, où les sourires bienveillants, les « Bonjour » anonymes de la rue, m’accompagnaient. Quelle intensité dans ce voyage !
Je remercie Dieu de m’avoir envoyée là-bas !