Il est passé par ici (dernier curé de Chanteloup-les-Vignes avant le regroupement), mais que fait-il par là ?
Le père Modeste Niyibizi, prêtre « fidei donum » du diocèse de Versailles est actuellement curé d’Oran en Algérie. Il nous fait part de ses premières impressions, trois mois après son arrivée.
« Eh oui ! Cela fait déjà trois mois que je suis en Algérie ! Trois mois de découverte, d’appréhension, d’apprentissage, d’étonnement et d’acclimatation… », écrit le père Modeste, dans sa première lettre depuis son arrivée en Algérie.
« Le rythme de travail ici », à Oran, poursuit le père Modeste, « ne repose pas sur l’océan de réunions des grandes équipes ! Beaucoup de choses se règlent en rencontres de personne à personne. Et les gens viennent souvent nous voir sans rendez-vous (la culture de l’agenda ne m’y a pas beaucoup préparé) ».
« Ma mission dans ce pays se déroule dans un contexte très fragile qui ne permet pas du tout d’envisager le long terme ! Mais comme l’avenir est à Dieu, cela aide à oser construire quelques projets ! »
Il y a d’abord le courage d’être des étudiants, des chrétiens algériens et des migrants, explique le père Modeste, « pour qui venir à la messe est régulièrement un acte qui vient braver les habitudes d’ici. La majorité des migrants font toutes les semaines au moins une heure de bus pour venir à la messe le vendredi ! D’où vient leur courage d’être, sinon de cette amitié fidèle avec Jésus ».
Le père Modeste s’émerveille aussi des « gestes de générosité » présents partout autour de lui. « Je peux donner le témoignage qui relève de mes échanges avec une des Petites Sœurs de Jésus vivant dans le quartier très populaire d’Oran. Cette dernière me confiait qu’une femme musulmane lui disait qu’elle irait en enfer car elle est chrétienne et non musulmane (discours qui revient souvent ici). Et au bout de dix ans, cette même femme musulmane est venue voir la sœur et lui a dit ceci : « J’ai compris par ta présence gratuite ici en Algérie que tu ne peux pas aller en enfer. Je sais que tu iras au Paradis. D’ailleurs, j’espère que si tu y arrives avant moi, tu me tendras la main pour que j’y monte moi aussi. Et je te promets que moi aussi si j’arrive au Paradis avant toi, je te tendrai la main pour que tu montes avec moi !!! ».
« Plus récemment, la communauté musulmane des Alawiya nous a appelés pour nous proposer de venir célébrer Noël avec nous à la cathédrale d’Oran ».
« Ils nous l’ont proposé », souligne le père Modeste, « car cette année, les musulmans célèbrent la fête de Mouloud (fête de la naissance du Prophète Mahomet) le 24 décembre (la dernière correspondance de Noël avec la fête de Mouloud date d’il y a 457 ans environ !). Et donc, lors de la veillée de Noël 2015, à la messe, nous avons eu l’immense joie d’accueillir la communauté musulmane soufi alawi. Le curé d’ORAN poursuit « Bien sûr que la fête de Mouloud et celle de Noël n’ont pas la même signification ni même la même place dans chacune de nos religions respectives. Seulement dans le contexte d’aujourd’hui, où ici et là c’est la voix des extrémistes et fondamentalistes qui domine, le signe fort de ce groupe (qui en plus ne revendique rien) fait beaucoup de bien et fait prendre la mesure du poids du « Prince de la Paix » sur les hommes et les femmes de bonne volonté ».
Autre temps fort des fêtes, le repas communautaire du 25 décembre et ses 350 participants, dans une ambiance fraternelle. « Et pour les étudiants et les migrants loin de leurs familles, avoir ce repas communautaire à Noël c’est fondamental ».
Le 31 décembre, les paroissiens du père Niyibizi se sont retrouvés pour la messe d’action de grâce, suivie par une grande veillée de prière de Taizé dans la cathédrale d’Oran, une « Bonne manière d’être en communion avec les autres jeunes du monde qui seront à ce moment en Espagne pour le rassemblement Taizé de fin d’année ».
Enfin, en cette Année Jubilaire de la Miséricorde, le père Modeste a aussi ouvert la Porte Sainte de la cathédrale d’Oran, le 11 décembre dernier, en présence de Mgr Jean-Paul VESCO, évêque d’ORAN, et originaire du diocèse de Lyon.
Rapporté par Isabelle Karol – le 14.01.2016
Voir plus récemment le témoignage de Jeannine, paroissienne de Chanteloup, qui lui a rendu visite