Cette question me vient à l’esprit à la suite de la retraite de profession de foi à Montmartre quand un jeune de l’aumônerie a affirmé que nous naissons plusieurs fois. Cette affirmation rejoint, selon les statistiques, 20 % de nos contemporains d’Europe qui ont une croyance en la réincarnation. Mais ce qui est posé en arrière-plan, c’est la question de savoir ce qui se passe après la mort. Venue de l’Orient (l’hindouisme et le bouddhisme) et de la Grèce antique (où elle est appelée métempsychose ou migration de l’âme), la croyance en la réincarnation est contraire à la foi chrétienne.
En effet la réincarnation se fonde sur la rétribution ou la sanction d’une vie terrestre antérieure : c’est la loi du Karma. Cette croyance s’exprime ainsi : après sa mort, l’être humain revient à la vie terrestre, mais dans un autre corps ; ce processus se renouvelle un nombre de fois impossible à déterminer. Renaîtront « bien », ceux qui ont accompli de bonnes actions ; les autres, réincarnés dans les classes pauvres, devront expier les fautes commises dans les vies antérieures. L’âme, continue donc de se réincarner jusqu’à ce qu’il accède au salut dans une éternité bienheureuse appelée le Nirvana.
Mais il n’en est pas ainsi pour le chrétien dont la foi se base sur la confiance en un Dieu d’Amour et en la Résurrection du Christ :
– La foi en Dieu : Jésus nous a révélé un Dieu bon et sauveur, qui n’attend pas de l’Homme qu’il atteigne la perfection par ses propres forces, à travers un processus long et aléatoire. Dieu lui offre d’accueillir un salut et un pardon qui sont avant tout, grâce (don gratuit). Chaque personne compte, car elle est connue par son nom et aimée de Dieu telle qu’elle est ; au-delà de la mort, elle est promise à une éternité de vie bienheureuse avec Dieu.
– La Résurrection du Christ est le fondement même de la foi chrétienne : ayant connu une vie et une mort semblables aux nôtres, le Christ est ressuscité des morts avec un corps glorifié. Nous pouvons espérer connaître, nous aussi, une résurrection semblable à la sienne. Le point culminant de l’enseignement de Jésus sur la mort-résurrection et non mort-réincarnation est sans doute l’échange avec Marthe : Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra pas (Jn 11,23-26). Saint Paul exprime nettement le rapport entre la Résurrection et la foi chrétienne : « Si le Christ n’est pas ressuscité, alors notre prédication est vide, vide aussi votre foi (1Co 15, 12-20). Enfin, il affirme clairement que « les hommes ne meurent qu’une seule fois, après quoi il y a un jugement » ( He 9, 27).
En définitive, il faut reconnaître que la réincarnation reste une menace, car elle est fondamentalement incompatible avec la foi et la pratique chrétiennes. Il faut éviter une foi syncrétique qui insérerait à la fois les éléments de la foi chrétienne et ceux des croyances orientales. Le pape François déclare qu’être catholique c’est confesser dans toute sa pureté et son intégrité la foi chrétienne et non de façon partielle ; car « … nier un seul des articles de la foi, même celui qui semblerait de moindre importance, revient à porter atteinte à tout l’ensemble » (Lumen fidei n°48).
Père Alain BINIAKOUNOU