« Supportez-vous les uns les autres… » Col 3, 13
Telle est la première partie du verset du mois qui est affiché dans nos églises. Elle nous fait penser à la 6e œuvre de miséricorde spirituelle :
« supporter patiemment les personnes ennuyeuses ».
Nous savons bien que cette parole est plus facile à dire qu’à mettre en pratique ; car chacun a déjà certainement fait l’amère expérience de se trouver en face de quelqu’un d’ennuyeux dans son entourage immédiat : famille, travail, paroisse, quartier. Souvent nous brûlons d’impatience cherchant à nous éloigner de lui au plus vite ou carrément à nous débarrasser de ce genre de personnes jugées indésirables. Il est plus naturel de s’entourer de gens bienveillants autour de soi. Mais que faire des personnes qui nous paraissent insupportables, notamment à cause de leur caractère pénible, personnalité forte ou tics provocateurs ? Comment faire communauté avec elles ? Peut-on rester calme et posé sans se laisser abattre par ces gens qui nous pourrissent la vie ?
Sans me substituer aux conseillers en matière de vivre ensemble, je tiens à vous faire partager ceci : si nous avons souvent à endurer les défauts des autres, pensons aussi qu’il y a bien des choses en nous que notre prochain doit supporter. Il est certain que nous aimons bien celui qui est sans défaut, mais nous négligeons de corriger les nôtres. En plus, celui qui cherche un ami sans défaut, restera finalement sans amis dans sa vie. Si l’on ne se supportait pas les uns les autres, comment la vie en communauté serait-elle possible ?
Dieu ne nous ordonne-t-il pas d’aimer le prochain tel qu’il est, et avec toutes ses faiblesses ? Et ce sont les faiblesses mêmes du prochain qui doivent être l’objet de notre charité. Devant la fatigue de supporter les défauts des autres et les difficultés à vivre ensemble, Dieu ne nous donne pas d’abord la mission de faire la morale aux autres pour redresser les torts, mais d’aider notre prochain à vivre, à avoir le courage de discerner ce qui est bon. Il nous est important de croire en la bonté du Seigneur, qui est à l’œuvre dans chaque être humain. Saint Paul en prison portait le souci de garder l’unité et la paix entre les membres d’une même communauté. Ainsi exhortait-il les Éphésiens en ces termes : « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour » (Eph 4,02) et les Philippiens : « Ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes » (Ph 2,03).
Au regard de ce qui vient d’être dit, je pense que l’humilité, la patience et l’amour sont essentiels et peuvent nous aider à avoir, devant ces personnes qualifiées d’insupportables, les mêmes sentiments de bonté que le Christ.
Au cœur du Carême, laissons-nous interpeller par ce verset du mois afin qu’à Pâques, avec un regard nouveau et un cœur plein de tendresse, nous puissions vivre de la Vie nouvelle que le Ressuscité nous apporte, ainsi qu’à notre communauté.
Continuons avec confiance notre montée vers Pâques.
Père Alain Biniakounou – © 2021
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éditeur : Association Episcopale liturgique pour les pays francophones